• La nostalgie, c'est plus ce que c'était.

    1

    Je ne sais pas par ou commencer mon récit. Puis-je seulement parler de récit ? Alexandre Pothey disait :" Tout récit comporte une moralité". En ce qui me concerne, c'est faux. Il n'y a pas plus immoral que moi, et vue qu'il s'agit  de mon récit, il n'y a pas plus immoral que le récit que je vais vous conter.
    Quoi qu'il en soit, l'histoire commence à minuit. Pas véritablement à minuit, sagissant-là d'un récit, je peut me permettre de modifier deux trois détails superflus. Mais vous conviendrez tout de même qu'une histoire qui commence à minuit est beaucoup plus prenante qu'une histoire qui commencer à quinze heure trois  de l'après midi. A minuit donc, la cloche de l'Eglise  à tinté douze fois, laissant flotter dans l'air cette insoutenable nostalgie d'époques lointaines. L'Eglise, avec une majuscule, se trouve dans un petit village, si petit qu'il ne figure sur aucune carte de France. Mais qu'importe, le village se nomme Valray en Soie.
    Valray en Soie comporte peu de maisons, donc peu d'habitants, c'est ce que j'entendais par petit village. Aucune des maisons ne vaut vraiment le détours, car pour accepter de vivre dans un village qui ne figure sur aucune carte Française, il faut avoir une opinion défavorable du genre humain. En d'autre mots être sauvage.
    Ceci dit, une des maisons mérite qu'on s'intéresse à elle. La maison en question n'est pas très luxueuse, on peut même la qualifier de banal avec cette façade en brique rouge. Seul les volets Bleu de Prusse apportent  un peu d'originalité à cette bâtisse, et encore. Mais ce n'est pas tant la maison qui m'intéresse, c'est le petit garçon qui regarde les étoiles par sa fenêtre. Il doit avoir dix ans, peut-être onze, mais qu'importe son âge, cela ne changera pas les actes qu'il va effectuer.
    Ce petit garçon, Mandy, lève avec ferveur ses yeux au ciel pour contempler des étoiles qui finiront par le lasser arrivé à l'âge adulte. Le regard voilé de mélancolie, il se dit :
    - Comment sera ma vie ? J'ai assez de lucidité, malgré mon jeune âge, pour savoir que je ne serais ni astronaute ni acteur. Je n'ai pas la réussite social dans le sang. Je sais pourtant qu'il faut croire en ses rêves, et tout faire pour les réalisés, mais je crois qu'il s'agit là d'un leurre, pourquoi poursuivre quelque chose qu'on sait qu'on va assurément rater ? Bien sur, on me dit souvent que je ne suis pas devin, que je ne peut pas savoir ce que l'avenir me réserve. Oui, il est vrai que je ne suis pas devin, cependant j'en suis pas loin, je suis lucide. C'est certainement cette même  lucidité qui bouffera mon enfance, la mastiquant à grand coups de dents et l'avalant sans une once de regrets. Enfin les regrets viennent avec le temps, la vraie question est  " comment sera ma vie" ?  Et je reste très indécis sur le sujet . Peut être que je quitterais Valray en Soie, peut-être pas. Si ! Bien sur que je quitterais ce petit village et son Eglise soporifique. C'est obligé, car j'ai beau ne pas avoir la réussite social dans le sang, j'espère malgré tout mener une vie heureuse, donc loin d'ici. Moi qui me croyais indécis, je n'en suis plus certains.

    Mandy est un enfant avec une drôle d'histoire. Son père étant improductif dans les rapports féconds, noya le deuil de sa progéniture inexistante dans de l'alcool. C'était un homme charmant, alcoolique, mais charmant. La vie étant pleine de rebondissement, sa femme, Regina hurla à la  vue du test de grossesse positif (qu'elle avait acheté lorsqu'elle remarqua l'absence de menstruations). Regina, plaça en cet enfant tous les espoirs pour sauver son couple et accessoirement, l'alcoolisme de son conjoint. La vie étant pleine de rebondissement comme je le disais, Regina ne vit jamais ce rêve aboutir, car son mari perdu peu à peu la raison et finit par s'éteindre.
    Tous le village vit cet histoire d'une façon tragique, et beaucoup scandaient l'injustice de ce bas monde. Comme si Regina et son mari avaient été puni par la fatalité. Mais ce que les habitants de Valray en Soie ne savent pas, c'est que tout ne relève pas de la fatalité, et qu'il y a une infinité de regards à poser sur les choses.  Pour moi par exemple, il s'agit d'un pacte passer entre le père de Mandy et l'alcool, comme si l'absinthe avait tenu a échanger la santé mentale du père  contre une postérité assuré.
    C'est peut-être pour ces raisons là que Mandy hésite à quitter Valray en Soie, il sait que sa vie n'est pas ici, mais partir veut dire laisser sa mère. L'acceptera-elle ? Oh que non ! Mandy n'est rien d'autre que le symptôme de sa génitrice, pire que cela Mandy est la névrose de sa mère. Elle a besoin de lui, c'est vital, il lui rappelle son défunt mari. Si son enfant quitte le village, elle vivra pour la seconde fois le décès de son époux. Mais pour l'instant, il est encore trop tôt pour que Mandy parte, il est âgé d'une dizaine d'années et il regarde les étoiles en ce questionnant :
    - Qu'est-ce que je cherche ?

    Il n'avait pas encore la réponse. Mais moi, je vais vous la dire, toute sa vie Mandy cherchera un état hors de l'esprit, de la conscience, de l'être, un état ou il n'y a ni paroles ni lettres. Cela ne le prédestine pas à user des qualités de la drogue, non! Cela le prédestine au voyage, à de longs, beaux et éprouvants voyages.

    2

    Quand Mandy eut vingt an, ou vingt et un an, il se décida à quitter Valray en Soie, sa maison au volets bleu de Prusse, et sa mère. Cette dernière haïssait son fils depuis quelques années déjà, mais jamais elle ne lui intima la raison de ses nombreuses colère à son égard. Car haïr son propre fils n'entrez pas dans le politiquement correct qu'elle chérissait tant. Regina en voulait à Mandy de ne pas ressemblait à son père, de ne pas lui rendre honneur, lui qui était tout de même mort pour qu'il puisse voir le jour, lui qui avait scellé un pacte tragique avec l'alcool pour avoir une descendance. L'ingratitude incarné son fils. Mais pire que cela, Mandy était l'exact opposé de son défunt géniteur, rêveur, mélancolique, silencieux et sobre. En fait, Mandy n'avait rien en commun avec son père, pas même le nez, ni même une ride. A vrai dire il ne ressemblait pas non plus à sa mère, les quelques étranger qui mettaient les pieds à Valray en Soie, demandaient parfois, par curiosité, si Mandy avait été adopté. Ce qui mettait sa mère hors d'elle. C'est d'ailleurs peut-être de là que lui vient son aversion pour les étranger, qui sait.
    L'annonce du départ de Mandy s'est à peut près déroulé de la façon suivante :

    - Maman, je pars demain matin.
    - Ou donc ?
    - Loin d'ici, loin de Valray en Soie.
    - Tu ne peux pas  partir Mandy. Lui assura sa mère.
    - Si je peux, toute mon enfance j'ai pensé qu'à ça, mettre les voiles et découvrir le monde.
    - Crois moi, tu te rendras vite compte que le monde est une abomination, tu crois vouloir partir, mais en réalité tu ne le veux pas.
    - Si maman, je le veux,  tu ne peux m'en empêcher, et demain à six heure, je ne serais plus là.
    - Tu reviendras plus vite que tu ne le crois Mandy, tu reviendras me voir quand tu réalisera  que cette envie d'aventure, n'est rien d'autre qu'un besoin névrotique et irrationnelle de te prouvais je ne sais quoi.

    Le lendemain, à six heures, Mandy s'arma de son sac à dos, mis de bonne chaussures et s'en alla. Il ne se retourna pas même une fois. Je sais que ma phrase peu faire cliché, peu donner au protagoniste ce côté "sur de lui", mais  Mandy, vivant dans l'instant présent ne pensa pas un seul instant à ce retourner.
    Il marchait d'un pas lent, rêveur. Il regarda le paysage de campagne qui défilait avec flegme, et il pensa que malgré tout il avait été heureux, à Valray en Soie.
    Mais voilà, cette histoire d'amour qui le lié avec ce petit village, prenait fin en ce jour. Cela le rendait également heureux. Quand il arriva à la limite de la ville, il se rendit compte, que jamais, du haut de ces vingt ou vingt et un an, il n'avait quitté Valray en Soie.
    - Ça y est, j'y suis. Lança a t-il dans l'atmosphère
    Et oui, il y était, son envie d'aventure aller prendre forme, elle commencerait dès qu'il aurait fait un pas, dès qu'il aurait franchi cette ligne. Un bref instant, il se demanda si partir voulait dire renoncer à son ancienne vie. Mais il ne répondit pas à sa question, il leva son pied et franchi cette ligne blanche qui voulait dire :" Étranger, vous rentrez à Valray- en- Soie, sortez-en vite, Valrayien, vous sortez de Valrey-en-Soie, revenez immédiatement !".
    Soudain, il y eu comme un grondement qui raisonna dans le ciel et à l'intérieur de Mandy. En fait, je ne saurais dire si c'est un grondement, peut-être est-ce un cri ? Oui, c'est ça, ce fracas qui trembla à l'intérieur de Mandy était un cri. Un cri jeté dans l'air du temps. Et c'est de ce cri, qu'apparu le compagnon de route de Mandy.
    Il apparu d'un coup, d'un seul, moi même j'ignore d'ou il peut venir. A quel contrée lointaine appartient-il ? Quoi qu'il en soit, le compagnon de route de notre protagoniste, possédait une apparence hors du commun, on aurait dit un très grand chat capable de marcher sur ses pattes arrières, ou bien peut-être était-ce un ours. Ou le croisement entre un chat et un ours ? Il ne ressemble à aucune chose qui puisse exister en ce bas monde. Mais rappelons le, Mandy, n'ayant aucune expérience du monde extérieur, n'apportera aucun jugement sur son compagnon de route, il sera même content d'avoir quelqu'un à ses côtés, étant un enfant de la solitude, la chaleur lui fera  du bien.
    - Belle journée n'est-ce pas?  Dit le croisement entre le chat et l'ours.
    - Effectivement, le ciel est-il toujours si bleu de l'autre côté de la ligne ?
    - Oh, je dirais que tout est toujours plus beau de l'autre côté de la ligne.
    - Comment expliquez vous cela ? Demanda Mandy très curieux.
    - Parce-que tout est toujours plus beau ailleurs que chez soi. Lui assura l'enfantement d'un ours et d'un chat.
    - Est-ce que vous aussi vous venez de Valray en Soie ? Je ne vous y ait jamais vu.
    -  J'y ait séjourné il y a une dizaine ou onzaine d'années, mais je ne viens pas d'ici.
    - Et d'ou venez vous  ?Interrogea le protagoniste
    - D'un pays lointain et peu connu. Répondu sympathiquement l'hybride.
    - Et que faites vous par ici ?
    - Figurez vous que je voyage.
    - Comme c'est amusant, moi même je me lance dans un grand et certainement passionnant voyage, accepteriez vous qu'on fasse un bout de chemin ensemble ?
    - Avec plaisir.

    La candeur de Mandy m'impressionnera toujours, proposer à un parfait inconnu, aux aspects de monstre, de faire "un bout de chemin ensemble", sans même lui demander son prénom est vraiment signe de naïveté. Peut-être ne l'ai-je pas mentionné, mais Mandy, arrivé à un moment de sa vie, à arrêté de croire ce qu'on lui raconté, si bien que cette petite part d'imaginaire qui se brise arriver à l'adolescence, existe toujours chez lui. Quand certaine personne ne croit que ce qu'elles voient, Mandy lui, agit totalement à l'opposé de cette mentalité. Cela va même plus loin que cela, pour lui la terre n'est pas ronde, ni plate, ni carré, elle est la terre et puis c'est déjà pas mal.
    Les deux voyageurs se sont remis en route, ils marchent silencieusement, appréciant se mutisme de complicité. Il faut dire qu'ils profitent des dernier instants de silence que peut leurs offrir la campagne, ils regardent peut-être même pour la dernière fois cette étendue de verdure qui semble ne jamais vouloir finir.
    - Dites moi, cela fait longtemps que vous voyagez ? Demanda Mandy
    - Oh, un certain temps déjà. Lui répondit l'hybride
    - Comment est le monde ?
    - Je ne peut pas vous donner mon avis, sinon cela influencera le votre, et il n'y a pas plus triste qu'un avis influencé par l'avis d'un autre. Cependant je peu vous parler de vos semblables les humains. Ils sont passionnant mais aussi navrant. Beaucoup passent leurs temps à parler de leurs droits "c'est mon droit de…", c'est le mot qu'ils ont le plus à la bouche avec argent. Je trouve ça amusant, aucun d'eux ne parlent de devoirs, c'est aussi important les devoirs, mais non, vos semblables ne raisonnent que par droit.
    - Qu'est-ce que le droit ? Questionna Mandy
    - Je ne saurais vous répondre sans vous influencer, mais si ça peut vous aider, une fois j'ai demandé à l'un d'eux :" mais selon vous, qu'est-ce qui vous reviens de droit ?" Et il m'a répondu avec cette insolence qui caractérise bien votre race : "le monde et ce qu'il y a dedans très cher".
    Mandy regarda longuement l'hybride, avec intensité, il éprouva une réelle sympathie à l'égard du monstre, il lui dit :
    - Je m'appelle Mandy.
    En se présentant, il mettait un nom à son visage, il n'était plus un alliage de traits et d'expression, il était Mandy, fils d'un alcoolique et d'une femme socialement inadapté.
    - Et moi Junai. Lui répondit l'hybride, qui soudainement n'était plus le résultat d'un rapport interracial entre un chat et un ours.

    Ils marchèrent, beaucoup, aucun d'eux n'eut l'idée de faire appel à un taxi pour la simple et bonne raison qu'aucun d'eux ne possédaient un portable. Quand la nuit tomba, ils eurent la chance de tomber sur une auberge intitulé :" Hécube". Ils poussèrent la porte.
    - Bienvenue à vous voyageurs. Les salua la gérante de l'auberge.
    - Comment savez-vous que nous sommes des voyageurs ? Demanda Mandy
    - Vous venez forcément de Valray en Soie
    - Nous pourrions venir d'une ville encore plus lointaine.
    La gérante éclata d'un rire pétillant :
    - Rien n'existe après Valray en Soie, il s'agit du petit village le plus lointain au monde.
    - Vous voulez dire qu'après Valray en Soie il y a le vide ? Demanda Junai
    - Non, vous vous doutez bien que c'est impossible.
    - Et bien, il y a forcément quelque chose, le mot rien n'a aucun sens, il y a toujours quelque chose, ne serait-ce qu'une forêt, un cailloux. Rétorqua Junai.
    La gérante, répondant au nom de Cassandra, fit une moue qui amusa beaucoup Mandy, elle leurs demanda :
    - Vous souhaitez dormir ?

    La nostalgie, c'est plus ce que c'était.

    La suite de mon histoire commencé il y a peu de jours


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