Finalement je ne ferais rien: ni violence physique, ni violence verbale. J'enferme toute cette colère au plus profond de moi, caché dans une boite, qui se rouvrira dans une vingtaine d'années. Et là, seulement là, je serais capable du pire comme du meilleur. Je serais la colère incarnée, un fou en liberté, un sociopathe qui s'en prends à qui lui chante. Je ne suivrai que mon instincts de prédateur, que cette liberté de nuire. Je serais dangereux. Le monde entier sera à mes pieds, je leurs communiquerait ma puissance par cette violence que j'ai refoulé pendant vingt ans.
Je dirais alors à mes victimes:
- Estime toi heureux, tu as vécue deux décennies de plus grâce à moi.
Mais dans le fond, je serais seul. Plus seul que je ne l'ai jamais été, plus seul que maintenant, ce qui n'est pas peu dire. Au moins je n'aurais personne pour me trahir, pour me décevoir, aucun félon, aucun Œdipe… Je me serais libéré des jougs de l'amitié et de l'amour. Je vivrai pour moi. En consumant les autres, les consumant jusqu'à plus rien, les tenants, les brisant, les rendant aussi insignifiant que le néant. Je me hisserai dans le ciel: au dessus des étoiles de Dieu et je me rendrais semblable à l’Éternel.
Et quand ils auront compris ma puissance, compris cette divinité qui m'habite, quand ils réaliseront qui je suis, je leur dirait :
- Je vous comprends. Vous êtes tous faillible par essence, donc décevant, mais je vous comprends.
Car je comprendrais leurs vies, leurs misérables vies. Cette vie de bovins qu'ils ont passé enfermé dans un enclos. Je leurs montrerai leur voie, la voie à suivre pour trouver le libre arbitre, et je sèmerai le chaos: un chaos divin engendré et géré par moi même. Car qui mieux que Dieu, pour engendrer le chaos ?